Alexander Classen

Meet Alexander Classen  
Chair of the Board of Directors at EFG International

Leader, et engagé. Alexander Classen a gravi les sommets des plus grandes institutions de la finance et est l’une des figures emblématiques de la banque privée en Suisse. Après ses débuts chez Pictet, il intègre successivement Goldman Sachs, Morgan Stanley, Coutts, Bedrock, et HSBC à des fonctions de dirigeant, au cours d’une carrière internationale qui l’amènera de Suisse en Asie, en passant par Londres. Il est aujourd’hui Chairman du Board de la banque privée EFG international. Portrait d’un financier passionné par son métier, qui apporte aujourd’hui sa pierre à l’édifice de la parité et mixité des institutions financières.

1985-1990 : Portfolio manager & Private banker, Pictet. 1990-1995 : Export & Marketing Director, Caran d’Ache. 1995-2000 : Local CEO Singapour, Pictet. 2000-2006 : General Manager, Goldman Sachs Bank AG Zurich. 2006-2011 : Head of Private Wealth Management EMEA, Morgan Stanley International. 2011-2015 : CEO, Coutts International. 2015-2018 : Managing Partner, Bedrock. 2018-2022 : CEO & Switzerland Country Head, HSBC Private Bank. Depuis 2022 : Chair of the Board of Directors, Chair of the Remuneration & Nomination Committee, Member of the Acquisition Committee, EFG international.

Alexander Classen

Esquisse d’un parcours exceptionnel

La carrière d’Alexander Classen en finance n’était pas tracée d’avance. Son père, nez dans la parfumerie, espérait qu’il reprenne l’entreprise familiale. Longtemps, lui-même hésite entre deux voies : la finance, et le marketing. Durant ses études, il explore cette dualité dans un mémoire comparatif sur les stratégies marketing de plusieurs instituts de private banking. La rencontre de Pierre Pictet, dans le cadre de cette recherche, lui ouvre les portes de la banque homonyme, comme Portfolio Manager et Private Banker. Mais, en parallèle, son intérêt pour le marketing ne faiblit pas. Après cinq ans chez Pictet, il saisit donc l’opportunité d’un poste de directeur export pour la firme suisse Caran d’Ache. Cette parenthèse s’avère être l’un des moments charnières de sa carrière : « J’ai fini par réaliser que mon futur était dans la banque ».

Passionné par les marchés financiers, sensible aux succès entrepreneuriaux et aux personnalités derrière ces succès, il voit dans la finance un terrain d’émulation hors du commun. Cela tombe bien, Pictet l’appelle pour lui proposer la responsabilité du déploiement de la banque à Singapour. Alexander saisit le poste en 1995. Si Pierre Pictet lui renouvelle sa confiance, bientôt, d’autres mentors le rejoignent, « personnalités inspirantes dont on a besoin lorsqu’on est un banquier qui fait ses armes ». Roy Zuckerberg chez Goldman Sachs, John Mack et James Gorman chez Morgan Stanley figurent parmi ceux qui accompagneront son ascension.

Prémices d’un parcours unique, à une époque où prévaut encore la tradition du lifetime employment, Alexander Classen quitte en effet une seconde fois Pictet pour Goldman Sachs en 2000. Puis intègre Morgan Stanley en 2006. Coutts en 2011. Bedrock en 2015. HSBC en 2018. EFG International en 2022. Cette liste a de quoi faire rêver, mais elle ne doit pas mettre le voile sur une réalité peut-être plus inspirante encore : l’investissement sans relâche d’un homme passionné par son métier. Il suffit, pour saisir cela, d’écouter Alexander Classen évoquer ses échanges de la veille, en Asie, avec un jeune entrepreneur dont la start up s’est développée « comme poudre de feu », partie de zéro et capitalisée aujourd’hui à hauteur de plusieurs milliards d’euros : « C’est du pur bonheur de s’entretenir avec quelqu’un comme lui ». Dans un métier particulièrement propice aux pressions et tensions, Alexander Classen semble ainsi trouver une longévité dans un rapport inspiré et enthousiaste à la création entrepreneuriale et son accompagnement en termes de gestion de fortune.

« Je suis fondamentalement tourné vers l’avant »

Là où il est passé, Alexander Classen a occupé de hauts postes de responsabilité. Lorsqu’on l’interroge sur ce qui fait l’étoffe d’un bon leader, trois mots, d’une grande simplicité, lui viennent spontanément : « Honesty, Kindness, Respect… et tout le reste suivra : c’est ce que j’ai essayé d’inculquer à mon fils quand il était enfant. » Et puis il y a cette autre clef : « il faut du courage ». Celui de « prendre des décisions, de s’exposer. D’assumer des choix d’ordre tactique ou stratégique, y compris de se séparer d’individus que l’on apprécie ». Ainsi, à son arrivée chez Goldman Sachs, sommé de congédier les sous-performers, il doit pour la première fois assumer une charge qui appelle au discernement : « c’est difficile comme régime, il faut apprendre à séparer les entreprises des personnes. » Enfin, tout semble être question d’état d’esprit : « Je suis fondamentalement tourné vers l’avant » ; une disposition qui l’allège des difficultés rencontrées, des erreurs commises - car il y en a eu - et lui permet de porter avec lui des équipes entières. Son propre témoignage d’une aversion au passé relève, en ce sens, de l’acte manqué : « Je n’aime pas y penser, et d’ailleurs j’ai très mauvaise mémoire ! »

« Nous sommes tous rentrés chez nous sans savoir si, le lundi suivant, nous allions pouvoir revenir au bureau »

Ces qualités de leadership, Alexander Classen doit les mobiliser lors de la crise financière de 2008, la plus grande épreuve de sa carrière. Alors responsable EMEA du Wealth Management chez Morgan Stanley, il est aux premières loges de l'effondrement : « Il y a eu un fameux weekend où le titre avait connu une chute vertigineuse ; on n’était pas sûrs qu’on allait être sauvé. » En coulisses, des négociations intenses avec des investisseurs japonais. En attendant, sur la scène financière, il faut tenir bon, rassurer. Il choisit alors, dit-il, « le parti de la transparence » et prend l’initiative d’organiser quotidiennement une séance d'information, à 16h, pour l’ensemble des employés. Mais arrive ce fameux jour où, devant l'ampleur de la catastrophe, les mots ne savent plus résoudre l’inquiétude : « Deux cents pairs d’yeux me regardaient au bout de la table, assez paniqués, et je ne savais plus quoi leur dire ; ça, je ne l’oublierai jamais. » Tous rentrent chez eux, sans certitude que leur poste résistera au passage du week-end. The rest is history : Mitsubishi sauve Morgan Stanley par dépôt d’un chèque… papier, d’un montant de deux milliards de dollars. Pour Alexander Classen, l’enseignement reste indélébile : « J’ai dû apprendre à la dure à communiquer pendant cette période ; j’en ai ressorti la volonté d’être toujours transparent dans les situations difficiles avec les équipes, au risque de montrer une certaine vulnérabilité.

« Derrière chaque grand homme se cache une femme exceptionnelle ! »

Une sensibilité distribuée avec parcimonie ; car Alexander Classen confirme la fable classique du pouvoir : « La solitude peut être écrasante au sommet. Il est difficile de s’ouvrir, y compris à ses mentors, qui connaissent au fond les mêmes problématiques. » Dès lors, explique-t-il, bénéficier d’un environnement personnel épanouissant devient crucial. Alexandra, son épouse, a incontestablement participé de ces succès. D’une part, « parce qu’elle est celle à qui j’ai toujours pu me confier », d’autre part, « parce qu’elle m’a toujours soutenu ». D’ailleurs, Alexandra semble lui ôter les mots de la bouche lorsqu’ Alexander nous fait l’anecdote du jour où, interrogé sur sa réussite, celle-ci répond dans un trait d’humour : « C’est bien simple : ’Derrière chaque grand homme se cache une femme exceptionnelle’ ! » Face à un rythme effréné, Alexander Classen se dit aussi « adepte d’une hygiène de vie saine ». Mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain, cette recette prouve ses vertus depuis l’antiquité. Enfin, un environnement apaisant, à distance de l’effervescence, lui procure une simplicité salvatrice : « J’ai la chance d’avoir deux chiens avec qui je fais des balades en forêt, le soir ; ça, c’est une chance inouïe pour se ressourcer. »

« L’égalité des genres : j’en ai toujours fait un impératif moral »

Rompu par son expérience aux responsabilités de la finance, Alexander Classen conçoit parité et diversité comme d’incontestables clés de succès pour une firme : « J’adhère complètement à la vue que la diversité est un atout et un facteur de succès supplémentaire pour les équipes de gestion ; sans cette diversité, on performe moins bien, à tous niveaux ». Peut-être en avez-vous entendu parler : en 2021, il participe à la campagne Advance - Gender Equality in Business, qui provoque de vives réactions lorsque le slogan « Would I be where I am if I had been a woman » côtoie un photomontage d’Alexander en femme - « une idée provocatrice destinée à faire avancer les choses ». Car, selon lui, les initiatives actuelles ne sont pas suffisantes : « Certains pays ont introduit des quotas au niveau des Boards et des directions, mais ce n’est pas le cas partout, et, ironie de la chose, les US, au départ du mouvement Gender Equality, ne l’ont pas encore inscrit dans la loi ! » et puis, « on oublie les PME, part importante de notre tissu économique, où il y a encore peu d’efforts fournis ». En ce sens, « les femmes ont une grande responsabilité à être des role models, et à contribuer à l’effort qui doit être fait pour les générations à venir. » Sur ce point, Women in Finance France s’est fait une vocation depuis ses débuts. Et, par ces paroles, Alexander Classen prouve qu’il a bel et bien le regard porté droit devant. Un allié de poids pour WIF, assurément.

L’interview WIF à mille à l’heure !

L’interview WIF à mille à l’heure ! 

La première chose à laquelle vous avez pensé ce matin en vous réveillant?  Ce qui m’attend au programme de la journée qui débute

Votre plus grande fierté ?  Mon fils Sebastien passant de l’adolescence à l’âge adulte


La femme qui vous inspire ? Je serais en sérieuses difficultés si mentionnais quelqu’un d’autre que mon épouse ;) mais c’est bien elle ! 

 La meilleure astuce anti-stress ?  La promenade en campagne avec mes chiens

La valeur qui vous tient le plus à cœur ?  La décence

Votre dernier voyage ?  Singapour et Hong Kong pour le travail suivi de Sifnos, une petite île grecque pour le repos

Votre prochain voyage ?  Gstaad et son superbe cadre estival

Le voyage de vos rêves ? Le Japon, où nous allons nous rendre en Octobre : un parfait mélange culturel et gastronomique

Votre prochain défi sportif ?  Le championnat de tennis de mon club

Votre plus grand défaut ? L’impatience

Votre plus belle qualité ? L’empathie

Que nous diraient vos proches de vous ? Je pense qu’ils me décriraient comme un gentleman (de la finance) 

Un souvenir marquant ?  La perte de ma mère après un long combat avec la démence

 Le film qui vous a inspiré ? Pulp fiction- un grand assemblage d’humour et de satire

Une sortie culturelle à nous conseiller ?  Le festival de Jazz de Montreux- j’y vois Sting en concert la semaine prochaine !

Une lecture inspirante ?  When breath becomes air par Paul Kalanithi - j’en ai versé des larmes et ne suis pas près de l’oublier.

Votre mantra ou citation favorite ? N’oublie jamais d’où tu viens et garde les pied sur terre.

Le conseil le plus inspirant que vous avez reçu ? Sleep over it before responding.

Et pour finir, celui que vous auriez aimé recevoir ?  Live life to the fullest.